jeudi 28 octobre 2010

La Boucle d'Aurère le 23/10/10

L'interruption de la rando de la semaine dernière n'est que partie remise, j'entame ce week-end en solitaire le tour des Ilets du côté d'Aurère (Cayenne, Grand Place, Ilet à Bourse, Ilet à Malheur) au Nord du cirque de Mafate.

Cette sortie a aussi un autre but que de m'en mettre plein la vue: c'est le week-end du Grand Raid ou Diagonale des Fous, et du Trail de Bourbon ou Semi-Raid. Ce sont des courses à travers toutes l'île:
  • 161 km et 10 000m de dénivelé pour le Grand Raid, commencé le jeudi à 22h à Saint-Philippe (extrémité Sud-Est de l'île)
  • 80 km et 4000m de dénivelé pour le Trail de Bourbon, commencé le samedi à 4h du matin
Les deux courses se rejoignent en contrebas d'Aurère. 2 de mes collègues couraient le Grand Raid, et un autre le semi. Suite à de savants calculs, (les estimations de mes collègues qui avaient préparé la course au taquet et le suivi de leur avancée sur internet le vendredi et samedi matin), je savais qu'ils devaient passer vers 11h-12h à l'intersection des 2 parcours, à quelques km d'Aurère.

Donc plan de les intercepter avant de poursuivre ma boucle! Pour cela, entrée dans Mafate prévue en passant par Salazie en empruntant le fameux sentier Augustave qui m'avait porté la poisse la dernière fois!

Levée 4h pour intercepter le bus qui partait à 5h de la gare routière de Saint-Denis. J'ai environ 1 km à faire pour rejoindre mon arrêt, que je fais assez pénarde, j'ai prévu large... Jusqu'à ce que je vois mon bus passer à l'intersection de mon arrêt sous mon nez avec 30 min d'avance! Il y a vraiment du foutage de gueule! Je cours comme une dératée, fais de grands signes (à mon arrêt seule ma ligne de car jaune passe, pas d'erreur possible)... Et manque!
Ce bus était ma seule chance d'arriver à temps pour voir mes collègues!

Pestant comme pas deux, je reprend mon souffle et vois d'autres car jaunes passer, avec des destinations carrément opposées... Ah, oui, il y a le parking des cars jaunes dans le coin, ils se dirigent vers les gares routières pour commencer leur journée!
Pas de panique, le mien n'est pas encore passé!

Après de multiples changements de correspondance, j'arrive à 7h30 au Bélier, à 3-4 km du départ du sentier... En pente pour y arriver!

J'avais tablé sur le stop pour y monter, en plus j'avais beaucoup de chemin à faire pour arriver jusqu'au parcours du Grand Raid, fallait pas trainer...
Ah une voiture, je dégaine le pouce... Oups, 2 voitures de polices, c'est pas moi j'ai rien fait!

Aucun succès pour le stop (et marcher sur la route, sans point de vue et en zigzag c'est looong...)
Petit passage comique quand un couple en fourgonnette s'est quasiment arrêté à ma hauteur pour me prouver qu'ils auraient bien voulu me prendre mais qu'ils n'avaient plus de place... ça m'a bien fait rire!

J'ai quand même été prise 1 virage et demi avant le départ de mon sentier, bon c'est toujours ça de pris!

Et donc me revoilà sur le sentier Augustave à 8h, objectif être au Grand Raid avant 12h... Go!

Passé l'endroit fatidique de la semaine dernière, je me suis aperçue qu'on était à peine à 10 minutes de la vue magnifique du cirque!

Vues depuis le sentier Augustave


Au centre, légèrement vers le bas, l'îlet à Malheur



Et voilà Aurère!



Coin très sympa, qui m'a autant plus que Marla. Arrivée vers 10h, je fais un peu le tour de l'îlet. C'est une étape du semi-raid, le premier devait passer vers 11h.

Les responsables de l'étape d'Aurère du Trail de Bourbon, prêts!

Petit détour par le sentier panoramique de l'îlet (aïe il grimpe celui-là!)

Reprise du parcours, pas de risque de se tromper j'emprunte le parcours du Trail du Bourbon jusqu'à ce qu'il rejoigne celui du Grand Raid, tout est balisé pour la course!

Vue magnifique lors de la descente de l'îlet jusqu'au Grand Raid...



Le Grand Raid enfin, il est 11h30 et mes collègues ne sont pas encore passés, mission accomplie ^^!
Un hélico qui suivait le Grand Raid et le Trail de Bourbon passait super près de l'endroit où je m'était posée, en faisant des aller-retour (j'ai même eu droit à la réflexion: attention mademoiselle, je crois qu'il est à votre recherche! Eh oui, des raideurs étaient encore en assez bonne forme pour te sortir des blagues!)

La raison de ces aller-retour est passé comme une fusée sous mon nez: le premier du Trail de Bourbon, qui sprintait comme un fou dans la descente! (en marchant à bon train, je m'étais fait près de 1000m de dénivelé négatif en un peu plus de 3h et je les sentait passer dans les articulations, je sais pas comment il faisait!).
Arrivée de mes collègues, remarquablement frais si on considère que ça faisait plus de 40h qu'ils marchaient!

Reprise du parcours sur le tracé du Grand Raid mais dans le sens opposé à la marche, j'ai quand même pu voir pas mal d'éclopés, avec des bandages de soutien aux genoux, il y en avait même un qui ne semblait pouvoir marcher qu'en s'appuyant sur un bâton... Et ils avaient encore du trajet à parcourir, dont une grosse montée suivi d'une grande descente!
Paysage magnifique une fois de plus, mais conditions de marche à désirer, surtout pour les raideurs qui cumulaient les bornes: un soleil qui tapait super fort, pas de vent, en plus le sentier était très poussiéreux et pierreux, de couleur sombre, ce qui fait qu'on se prenait des vagues de chaleur par le haut avec le soleil et par le bas avec le sol qui absorbait et réémettait une chaleur équivalente!
J'ai eu droit à des réflexions des secouristes qui avait établi un point de secours sur le parcours comme quoi je me trompais de sens! Non, non, je fais pas 160 km moi! Surtout avec sur le dos une tente de 5 kg!
Et là, tu te sens trop mal quand un raideur épuisé te demande: s'il vous plaît, l'étape de Deux Bras est encore loin? Euh... comment te dire "oui, carrément!" sans te décourager???


Arrivée à Cayenne, je laisse les raideurs à leur calvaire et je continue ma boucle en solitaire!
L'église de Cayenne (oui, je fais une fixette sur les églises de Mafate mais elles sont tellement atypiques pour certaines!)
Et là, à Cayenne, un point d'eau!!! Trop bien j'en pouvais plus j'avais fini ma bouteille 30 min avant! (Un raideur désespéré m'en avais demandé, j'allais pas lui refuser!)
Ah par contre, elle est bouillante (oui, avec la canalisation exposée au soleil ça aide pas!). Tant pis ça reste de l'eau!

En quittant l'îlet j'ai été accompagnée sur un bout de chemin par un Mafatais qui se rendait dans un champ plus loin. Petite typicité des mafatais que je n'ai pas encore mentionné: ils se déplacent soit pied nus, soit en tongs, et ce sur des sentiers vraiment pas évident, avec plein de dénivelé dans les 2 sens! (ah, oui et ils courent, aussi, sur les sentiers!)

Encore du maïs!
Arrivée à l'îlet suivant, Grand Place, et grosse galère pour trouver l'épicerie du village pour acheter une boisson fraîche et me poser sur la terrasse. Ça doit être l'îlet le plus éclaté de Mafate, or je commence VRAIMENT à avoir faim (il est 13h30, je suis debout depuis 4h, je marche depuis 7h30 et dans ma précipitation j'ai oublié de petit déjeuner!) et évidemment, cette épicerie est à l'opposé du village, avec du dénivelé positif! la lose!
Je trouve enfin l'épicerie et peut enfin me poser avec mon thé aux letchis, je revis!
A côté de l'épicerie, 3 chèvres prennent le soleil, petite pensée pour Nina...

Un nouveau dilemme se pose à moi: j'avais prévu de camper ici, or il n'est que 14h30, un peu tôt pour planter la tente, sachant que le lendemain j'aurais plus de 60 km à faire entre la fin du sentier et chez moi, dont la sortie de Salazie se fera en stop, pas de bus dispo... Donc plus vite je suis arrivée à Salazie moins j'ai de chances d'y rester coincée le dimanche!

Je décide donc de reprendre ma route jusqu'au prochain îlet, l'îlet à bourse, sans garantie d'avoir une aire de camping là bas...

Îlet Grand Place, très éclaté (les points blancs c'est des maisons)


îlet à Bourse de l'autre côté de la ravine




Arrivée à îlet à bourse

Arrivée dans l'îlet complètement désert vers 16h. Je trouve un habitant et me renseigne pour le camping. Non, il y en a pas, mais je peux planter ma tente en face du bar... Euh... Une fille seule, avec des types TRÈS INSISTANTS, et qui seront en plus passablement alcoolisés... Bon, je vais pousser jusqu'à l'autre îlet, hein!

Petit détour par le sentier panoramique de l'îlet
Et là, mon église mafataise préférée, à îlet à Bourse les Hauts!!!!

L'intérieur est décoré avec des fanons avec des empreintes de mains dessus, énorme!


Passage par un pont, et petite frayeur lorsqu'il s'abaisse d'un bon mètre sous moi! Ah oui, d'accord; c'est un pont suspendu! Quand tu n'avais pas fais attention et que tu t'engages dessus avec le pas gracile et léger du pachyderme ça te fais bizarre!

J'ai parcouru une certaine distance avec un groupe de randonneurs qui se rendent justement à ma nouvelle destination: le gîte de la plaque, qui d'après des gens croisés en chemin possède des places de camping!

On a repris pour ça le parcours du Trail de Bourbon, avec encore de nombreux coureurs qui l'empruntaient!

Je me rend donc avec eux au gîte (eux avaient réservés des chambres). 17h30: bonjour, est-ce que vous auriez une place de camping svp? Ah non, désolé je fais plus! (c'était marqué en gros sur le panneau qu'il le faisait, hein!) Il faut que vous alliez à Ilet à Malheur, allez, c'est qu'à 30 min de marche, vous êtes plus à ça près hein!
(oui mais c'est peut-être aussi justement pour ça que je m'autoriserais bien un break là!)

Et donc direction îlet à Malheur!

Arrivée à Îlet à Malheur

Je trouve enfin le camping, et pose enfin ma tente! Par contre, juste en face un groupe de mafatais un peu arrachés qui regardent les passants (le Trail de Bourbon passe juste sous leur nez, à 5 m du camping!)
Évidemment, nénette seule, en short et débardeur avec sa grosse tente, je suis tout de suite repérée, choueeeeette!

Arrivée au camping

Bien entendu, je suis la seule personne à camper seule sur le camping, et... Je suis celle qui a la plus grosse tente du camping (c'est une 3-4 places!).
Pas grave, j'assume... Une campeuse m'a demandé si j'allais m'en sortir (ui ui c'est bon je la connais)

Bon, fatalement, je suis à la Réunion et donc un lourd me colle, un mafatais en l'occurrence, qui passe toutes les 2 min à côté de ma tente, me propose un join (ouiiii après environ 10h de marche j'en aurais besoin c'est sûr), de m'aider à monter ma tente "pour faire connaissance" (c'est bon, celle là je la connais), etc...
Du coup je rentre dans la tente un moment après avoir mis toutes mes affaires dans l'avancée (elle est chicos la tente!) pour me changer, donc bien sûr je la ferme pour ça. Et j'entends le mafatais sortir: ben elle est où mam'zelle, elle est déjà couchée?

Euh, c'était pas le programme mais si je peux m'en débarrasser comme ça banco, je sors plus de la tente; je mange sous l'avancée! (l'endurance du lourd réunionnais est affolante, tu peux lui balancer tous les refus que tu veux sous quelque forme que ce soit il repartira toujours à la charge! ça peut durer des heures et là j'étais vraiment pas d'humeur!).

Petit problème: pas eu le temps de faire la cuisine, j'ai pris les restes préparés pour le WE dernier! Du gaz s'échappe de mon tupperware quand je l'ouvre... Tant pis, je tente!
Abandon au bout de 4-5 bouchées... Bon au lit! oui, sans duvet toujours...

Cris d'acclamations et d'encouragements lors du passage des coureurs du Trail de Bourbon, j'ai assisté à celui des dernières du Trail! (j'aurais vu les 2 premiers et les 2 dernières!)

Par contre, ambiance colonie de vacances cette nuit, tout le monde se lâchait bruyamment sous la tente, c'était joyeux!

mercredi 27 octobre 2010

Sortie kamikaze du 17 octobre partie 3: la Nouvelle-Sentier Augustave

Lever peu de temps après le lever du jour, pour une journée bien remplie. Pour ma part, je n'aurais dormi que 4h cette nuit, mais sans duvet il fallait s'y attendre!
Lever du campement vers 7h, avec pour objectif de rejoindre Salazie avant 11h pour que Sophie puisse récupérer son bus à Grand Ilet (à encore plusieurs borne de notre point d'entrée à Salazie) à 13h30 et rentrer sur Saint Denis.
Pour ma part, je devais récupérer Anne-Sophie vers 11h au départ du sentier Augustave, qui repartait dans Mafate.

Petit interlude comique quand nous avons du remplir nos bouteilles d'eau pour le trajet: les robinets étaient super bizarres, on ne savait jamais comment tourner pour qu'ils s'arrêtent, nous avons eu droit à notre douche matinale!

La Nouvelle au lever du jour, avec le Soleil qui frappe le rempart (en arrière plan de la photo)

Départ de la Nouvelle



Passage par la Plaine des Tamarins, en traversant la forêt...de Tamarins!


La Plaine des Tamarins
Arrivée au col de Fourche, qui relie Mafate à Salazie
Arrivée à Salazie


Encore une très belle journée de marche qui s'annonce, avec un temps superbe, les bruits d'insectes et les chants d'oiseaux, le parfum des fleurs... C'est les vacances!!! (enfin, presque)


Col de Fourche vu depuis Salazie

Nous avons ensuite continué en longeant la crête du côté de Salazie avec en permanence une vue superbe sur le cirque et un sentier très agréable (pas de dénivelé pour une fois!), très végétalisé, occupé par plein d'oiseaux...

Salazie, le Piton d'Enchaing au centre
Vue de Salazie depuis le départ du sentier Augustave

Au moment de rejoindre la route, je me sépare de Sophie et récupère la tente (ah dommage, c'était cool de pas l'avoir sur le dos la matinée!) et je me dirige vers le sentier Augustave pour retrouver Anne-Sophie pour la seconde partie du trajet.

Nous entamons donc le sentier Augustave, qui descend vraiment raide sur la première partie du parcours!


Début du sentier Augustave

Et là, personne n'a remarqué qu'aucune tuile ne m'étais arrivée depuis 2 jours? Bizarre non?
Eh bien la lose reprend toujours ces droits!

A peine avait-on fini la partie grosse descente-traversée de rivière pour attaquer la partie plate du sentier (et bientôt le magnifique panorama), qu'Anne-Sophie s'est foulé la cheville!

Évidemment, pas de réseau sur ce sentier, on est en fond de sentier!
Évidemment, la nuit tombe dans 3-4h, on est à mi-parcours, d'un côté une super montée et aucun moyen de transport pour rejoindre Saint-Denis depuis Salazie (quand même plus de 60 bornes à faire), de l'autre un sentier relativement plat, mais avec du précipice et qui débouche au coeur de Mafate (donc pour quitter cet endroit le lendemain, 4-5h de marche, en descente raide et sur des galets instables pendant 2-3h, pas l'idéal pour quelqu'un avec une cheville en vrac!).

Au moment où on avait décidé, en désespoir de cause, de trouver un endroit où camper sur le sentier (évidemment, le sentier de 1m de large sans aucun endroit où planter une tente et sans point d'eau, moi j'en avais plus), je tombe sur un groupe de randonneurs avec de l'équipement et des connaissances pour ce genre de problèmes!
Super sympas, ils ont examiné la cheville d'Anne-Sophie et nous ont aidé à remonter le sentier, pour ensuite nous déposer sur Saint-Denis!

Quand même un peu de chance dans la loose!

Fin prématurée de la boucle de 3 jours dans Mafate, affaire à suivre!